Un litige judiciaire oppose depuis plusieurs mois la chanteuse malienne Rokia Traoré et le père de sa fille au sujet de la garde cet enfant de quatre ans. La justice malienne a accordé la garde de l’enfant à sa mère, qui s’occupe seule d’elle depuis qu’elle est âgée de quatre mois. Le père, résident en Belgique, a récemment sollicité la garde exclusive de l’enfant.
La justice belge nie ainsi la décision de la justice malienne.
L’artiste Rokia Traoré, de son côté, a déposé plainte, au Mali et en France, contre le père pour des attouchements sexuels dont la petite fille s’est plainte.
Dans ces conditions, pour avoir refusé de remettre la fille à son père en application du jugement belge qu’elle conteste, Rokia Traoré est incarcérée depuis le 10 mars à Fleury-Mérogis pour « enlèvement, séquestration et prise d’otage » en application d’un mandat d’arrêt européen émis par la Belgique.
Dans les conditions actuelles de propagation du coronavirus et de surpopulation carcérale dans les maisons d’arrêt, son enfermement pose question. Rokia Traoré a débuté une grève de la faim le 13 mars pour exiger un procès équitable.
J’apporte mon soutien à Rokia Traoré dans son combat et demande la fin de son incarcération.
Au-delà de ces faits, l’histoire dramatique vécue par cette mère et son enfant permettent de mettre en lumière les obstacles auxquels sont confrontés nombre de mères protectrices pour avoir voulu protéger leurs enfants de leurs pères agresseurs pédocriminels. Malheureusement, la justice bascule encore trop souvent en faveur des pères, s’appuyant sur un prétendu « syndrôme d’aliénation parentale » (SAP) qui conduirait un parent à dénigrer l’autre auprès de l’enfant. C’est encore trop souvent un outil supplémentaire pour exercer une violence à l’encontre des mères.
En savoir plus : les chercheurs Gwénola Sueur et Pierre-Guillaume Prigent consacrent leurs travaux à démonter cette pseudo-théorie. Vous pouvez lire leurs publications et les travaux du réseau international des mères en lutte.
Photo : Rokia Traoré en concert le 8 novembre 2013, photo CC-by-nc par Mr. Push