Vendredi 13 novembre 2020, lors de l’examen du projet de loi de financement de la sécurité sociale, je suis intervenue au sujet de l’allongement du congé paternité.
J’ai défendu, contre une partie de la droite menée par Bruno Retailleau, le caractère obligatoire du congé paternité : « Nous assumons vouloir enclencher un changement radical de la division du temps de travail parental au sein du couple. Nous voulons en finir avec le modèle de Monsieur Gagnepain. Et nous voulons en finir avec le modèle de Madame Aufoyer. La seule manière d’avancer rapidement vers l’égalité, c’est bien en rendant obligatoire ce congé paternité »
Voici la teneur de l’intervention, seul le prononcé compte.
Deux minutes trente. C’est le temps dont je dispose pour défendre l’obligation de prise du congés paternité. Pour deux minutes trente supplémentaires accordées par les pères au soin des enfants, si nous ne faisons rien, il faudra attendre cinq ans pour les obtenir. C’est ce qui a été mesuré par le centre d’analyse stratégique en 2012.
Cette tendance n’est évidemment pas satisfaisante.
Nous connaissons l’immense déséquilibre entre les temps consacrés par les mères au soin des enfants et celui consacré par les pères.
Nous ne considérons pas cet écart acceptable. Il est le ferment d’une société inégalitaire qui fait peser principalement sur les femmes la charge du soin parental, des tâches éducatives et du travail domestique.
Ne nous étonnons pas, si l’on maintient cet injuste déséquilibre, que le travail professionnel des femmes soit minoré, que le principe « à travail égal, salaire égal » demeure au rang des slogans. Que les femmes doivent travailler gratuitement depuis mercredi 4 novembre dernier à 16 h 16 jusqu’au 31 décembre.
Au contraire, nous assumons vouloir enclencher un changement radical de la division du temps de travail parental au sein du couple. Nous voulons en finir avec le modèle de Monsieur Gagnepain. Et nous voulons en finir avec le modèle de Madame Aufoyer.
La seule manière d’avancer rapidement vers l’égalité, c’est bien en rendant obligatoire ce congé paternité, sans quoi nous craignons que cela prenne trop de temps. Que quelques obstacles demeurent, quelques clichés, d’un homme qui pouponne qui ne serait pas assez viril, et n’oserait pas demander à son employeur le bénéfice de son congé ? En dépit de la formidable attente qu’ont les Françaises et les Français que ce congé paternité soit allongé, ce risque existe.
Alors, puisque nous savons que nous gagnerons cette égalité, puisque la société française y est majoritairement prête, puisque nous voyons que même une partie de votre camp politique voit dans votre posture conservatrice « une forme de punition », nous voulons remporter tout de suite cette bataille culturelle ; nous voulons rendre ce congé paternité obligatoire.