COMMUNIQUÉ DE PRESSE
Jeudi 11 février 2021
La commission des affaires économiques du Sénat a auditionné ce mercredi 10 février, Jean‑Bernard Lévy, président‑directeur général (PDG) d’EDF, sur le projet de réorganisation « Hercule ».
Sur le fond, cette audition n’a pas apporté d’éléments nouveaux de nature à conforter le service public de l’électricité en France.
Les sénateurs et sénatrices du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain qui mènent actuellement de nombreuses auditions des différents acteurs concernés par le projet, ont relayé les craintes et inquiétudes des syndicats, des associations, des collectivités territoriales et des salariés face à ce projet de démantèlement d’un fleuron industriel et de démolition du service public de l’électricité.
Ces inquiétudes portent aussi, dans de nombreux territoires, sur le devenir des concessions hydroélectriques et de la gestion des multiples usages de l’eau.
Ils considèrent d’une part que la préservation du caractère intégré et public de l’entreprise est primordiale pour répondre aux défis du XXIème siècle en valorisant les synergies propres à un groupe intégré et non en multipliant les filialisations qui engage de facto son démantèlement.
Ils estiment d’autre part que le financement sur fonds propres d’Hinkley Point en Grande Bretagne et le poids des dividendes que le groupe a versés à l’État actionnaire entre 2005 et 2014 (20 Milliards d’euros) ont fortement participé à réduire la capacité de financement d’EDF et ce, alors que l’entreprise doit faire à un mur d’investissements vitaux pour la sécurité et son développement, dans les prochaines années.
Ils demandent aussi la suppression de l’ARENH (Accès régulé à l’électricité nucléaire historique) qui a très fortement affaibli la capacité d’investissement d’EDF.
Cette situation aurait exigé un soutien plus actif du gouvernement avec une recapitalisation du groupe, au lieu de proposer une scission se traduisant par une ouverture du capital d’EDF vert.
Car comme l’a souligné Franck Montaugé, « A côté du nucléaire et de RTE, la pépite d’EDF c’est aussi ENEDIS. Comme RTE, ENEDIS gère un réseau qui a le caractère d’infrastructure essentielle. Au moment où tout le monde parle de reconquête de notre souveraineté industrielle, ENEDIS pourrait passer dans les mains et sous la coupe des GAFAM, des USA ou de la Chine ? Et que deviendra la péréquation tarifaire quand les actionnaires privés d’EDF Vert décideront de donner la priorité aux métropoles, parce que ce sera plus profitable pour eux, au détriment des territoires ruraux ? »
Pour Jean-Claude Tissot, chef de file Énergie pour le groupe socialiste, l’électricité n’est pas un bien comme les autres, c’est un bien de première nécessité. En ce sens c’est aussi un « bien commun » qui doit être géré sur le long terme et non avec la vision court-termiste des marchés en recherche de profits immédiats.
Pour ces raisons, le groupe Socialiste, Ecologiste et Républicain du Sénat est opposé au projet Hercule voulu par le gouvernement.