Égalité femmes-hommes au CESE : quid de la grande cause du quinquennat ?

Danielle BOUSQUET, Geneviève COURAUD et Françoise VOUILLOT* sont à l’initiative d’une tribune à laquelle j’ai décidé de m’associer. Dans ce texte, nous faisons le constat qu’aucune des associations du mouvement féministe en dehors de la Fédération Nationale Solidarités Femmes (FNSF) n’est représentée au sein du Conseil Économique, Sociale et Environnemental, désormais consacré et voulu par le Président Macron comme la chambre de la participation citoyenne et ce, alors que l’égalité femmes-hommes a été demeure grande cause nationale du quinquennat présidentiel.
En voici donc le contenu ainsi que la qualité de ses auteurs, suivi des noms et qualités des premières signataires dont je suis.

« Troisième assemblée constitutionnelle de la République après l’Assemblée nationale et le Sénat, le Conseil Économique, Social et Environnemental (CESE) est désormais, selon les vœux du Président de la République, la chambre de la participation citoyenne. La réforme de 2021, comme l’indique le CESE lui-même sur son site, accroît en effet la place de la société civile dans l’élaboration des politiques publiques, et fait du CESE le carrefour des consultations publiques et l’institution de référence en matière de participation citoyenne.

On comprend l’importance de la désignation de ses membres qui auront donc la mission de représenter la diversité de la société, mais aussi d’entendre et de transmettre les vœux et préconisations de la société tout entière qui pourra les interpeller par voie de pétition.

Or, que constatons-nous ?

Parmi les 8 personnes représentant la vie associative, il n’y a aucune membre du mouvement féministe associatif alors que l’on dénombre deux représentant et représentante pour la fédération nationale des chasseurs (FNC), deux pour celle de la pêche et de la protection du milieu aquatique (FNPF), tout comme pour la ligue française pour la protection des oiseaux (LPO). Au titre de la cohésion sociale et territoriale (29 membres) une seule organisation féministe a été retenue : la Fédération Nationale Solidarités Femmes (FNSF).

Il n’est pas question de remettre en cause la désignation de la FNSF, partenaire dont nous reconnaissons le travail remarquable. Cependant la personne qui la représentera, quelle que soit sa grande expérience, pourra-t-elle à la fois porter l’ensemble des problématiques intriquées qui font que la vie et le parcours des femmes de notre pays restent encore très inégalitaires, et aussi peser sur les décisions du CESE ?

Les associations de droits des femmes sont ignorées

Et quant à toutes les autres questions, quant à tous les autres domaines d’inégalités qui font l’objet des revendications actuelles des femmes, qu’en sera-t-il ? La santé, la sexualité, l’éducation et la formation, le domestique, la sphère professionnelle ?

Que dire, par exemple, de l’absence totale ou presque des femmes dans le domaine de l’intelligence artificielle qui à court terme gérera l’ensemble de nos sociétés ?

Toutes les associations de droits des femmes qui depuis des dizaines d’années maillent le territoire de notre pays jusque dans les plus petites communes sont ignorées. Plus qu’un recul évident de la composition du CESE qui, précédemment, par le jeu de la désignation des personnalités qualifiées, comptait dans ses rangs des personnalités du mouvement féministe notablement engagées pour les droits des femmes, c’est une éviction.

Qui alors a procédé à la sélection des associations féministes ?

La mission principale du CESE est de permettre au gouvernement de mieux prendre en compte la parole de la société civile et des citoyennes et citoyens.

Peut-on imaginer, au vu de sa composition, qu’il soit à la hauteur de ses responsabilités ?

Voilà pourquoi, nous qui, à des titres divers, défendons les droits des femmes et luttons contre les inégalités, nous exprimons notre profonde déception face à ce non-respect de l’engagement du Président de la République le 25 novembre 2017 de faire de l’égalité entre les femmes et les hommes la grande cause nationale de son quinquennat, et nos vives inquiétudes sur la capacité du CESE, privé des expertises nécessaires, à apporter des éléments de compréhension des phénomènes de société, et des préconisations de politiques publiques pour rendre notre société plus égalitaire. »


*Autrices du texte :

Danielle BOUSQUET, présidente de la Fédération Nationale des Centres d’Information des Droits des Femmes et des Familles (FNCIDFF), ancienne députée des Côtes-d’Armor, ancienne vice-présidente de l’Assemblée Nationale, ancienne présidente du Haut conseil à l’égalité F/H (HCE F/H),

Geneviève COURAUD, militante associative féministe, professeure de lettres retraitée, ancienne conseillère d’arrondissements de Marseille, ancienne membre de section du CESE, ancienne présidente de l’Observatoire des droits des femmes du CG-13, ancienne présidente de la commission « Droits sexuels et reproductifs — Santé des femmes » du HCEF/H,

Françoise VOUILLOT, Ex maîtresse de conférences en psychologie de l’orientation – Le Cnam-Inetop, responsable du groupe de recherches Orientation et genre, ancienne Présidente de la commission « Lutte contre les stéréotypes et rôles sociaux » du Haut conseil à l’Égalité F/H (HCE F/H)

Les premières signataires parlementaires, élues et anciennes élues :

Laurence ROSSIGNOL, ancienne ministre, sénatrice de l’Oise, Marie-Arlette CARLOTTI, ancienne ministre, sénatrice des Bouches-du-Rhône, Ségolène NEUVILLE, ancienne ministre, Vice-Présidente du département des Pyrénées- Orientales, Laurence COHEN, sénatrice du Val-de-Marne, Claudine LEPAGE, sénatrice des Français de l’étranger, Michelle MEUNIER, sénatrice de la Loire-Atlantique, Sylvie GUILLAUME, députée européenne,…

Retrouvez ici la suite des noms des premières signatures

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *