Mercredi 29 septembre 2021, je suis intervenue devant le Sénat pour adresser une question au gouvernement. J’ai interrogé la secrétaire d’État en charge des personnes handicapées sur le mode de calcul de l’allocation adultes handicapés AAH.
« 903 euros par mois, c’est bien souvent le seul revenu que perçoivent ses 1,2 millions d’allocataires, vivant seuls dans 7 à 8 cas sur 10. Pour les autres, en couple, le montant de l’allocation dépend des revenus du ou de la partenaire. »
Cette « conjugalisation » de l’AAH est une entrave à l’autonomie financière, une assignation à dépendre économiquement du conjoint. Elle enferme les femmes handicapées dans leur foyer, où elles risquent deux à six fois plus que les femmes valides de subir des violences sexuelles.
L’Assemblée nationale avait adopté en décembre 2020 la fin de ce mode de calcul ; le Sénat a suivi en février dernier. Lors de la seconde lecture à l’Assemblée nationale, la majorité La République en Marche est revenue sur cette disposition, au profit d’un mécanisme d’abattement forfaitaire sur les revenus du conjoint.
Loin de simplifier le calcul, ce dispositif complexifie l’AAH et maintient son caractère conjugal. J’ai donc posé cette question simple au gouvernement : « Quand allez vous enfin mettre en place ce qu’attendent les personnes handicapées ? »
Dans sa réponse, la secrétaire d’État a brandi les mêmes menaces qu’au Sénat en février dernier : tout changement du mode de calcul en direction d’une individualisation de l’AAH créerait de nombreux foyers perdants… c’est faire très peu de cas du mécanisme transitoire que nous avons proposé et qui permettrait de retenir le montant le plus favorable entre l’ancien et le nouveau mode de calcul.
Photo : Stand de l’association Act-Up à la fête de l’Humanité 2021, (photo personnelle équipe Michelle Meunier).