Dans le cadre des débats de contrôle au Sénat, le groupe communiste a proposé un débat intitulé « le partage du travail : un outil pour le plein emploi ? » .
Au titre du groupe socialiste, écologiste et républicain, alors que beaucoup de mes collègues ont fait le choix d’évoquer les 32 heures, j’ai pour ma part décidé d’y évoquer l’expérimentation « Territoires zéro chômeur de longue durée » (TZCLD), ce qui ne remet aucunement en question la pertinence de la réduction du temps de travail.
Au préalable, j’ai souhaité que l’on s’interroge sur le plein emploi et ses zones d’ombre, quand il rime avec temps partiel subi, dont les emplois sont majoritairement occupés par des femmes.
En Loire-Atlantique, plusieurs collectivités s’inscrivent dans la démarche « Territoires zéro chômeurs de longue durée », considérant qu’elle constitue une réponse pour les personnes privées durablement d’emploi. Après de longues années de travail avec l’ensemble des partenaires associant également les futurs bénéficiaires, la commune de Pontchâteau a vu ses efforts récompensés en décrochant la labellisation. Cette dernière a permis de donner naissance à une entreprise à but d’emploi dont les premiers contrats ont été signés en ce début d’année. In fine l’entreprise devrait salarier une cinquantaine de personnes.
D’autres communes se sont lancées comme Loireauxence, dans le Pays d’Ancenis, territoire souvent présenté comme un lieu de plein emploi. Or les acteurs locaux le disent, il s’agit d’un trompe-l’œil.
Un chômage résiduel demeure avec pour causes des difficultés de mobilité, l’absence d’offres en adéquation avec les compétences mobilisables et disponibles, le souhait des personnes de sortir durablement de la précarité instaurée par des contrats saisonniers ou des missions de courte durée ou enfin des situations personnelles imposant de trouver un emploi répondant aux obligations familiales, que sont en général les femmes seules avec enfants.
Derrière les chiffres, ce sont les réalités d’hommes et de femmes qu’il s’agit de regarder en face. La notion de plein emploi doit être abordée avec davantage d’éthique, ce que s’attache à faire le dispositif TZCLD.
La seconde loi votée en juin 2020 et ses décrets d’application prolongeant l’expérimentation permettront à 47 nouveaux territoires d’obtenir la labellisation. J’ai donc demandé à Laurent Pietrasczewski, secrétaire d’État délégué en charge des retraites et de la santé au travail, ce qu’attendait le Gouvernement, pour labelliser ces territoires.
Ce dernier n’a pas manqué de répondre que TZCLD était une bonne solution, rappelant que le travail est constitutif de la personne, qu’il est facteur à la fois d’épanouissement et d’émancipation.
Si l’intérêt du Gouvernement est bien porté sur la démarche, des territoires sont aujourd’hui prêts à être labellisés. La question de la pérennité des financements reste entière, même si le sujet majeur demeure la nécessité de replacer la personne dans l’emploi pour retrouver à la fois estime de soi et utilité sociale.