Le mercredi 21 juin 2023, lors des questions au gouvernement, j’ai interpellé le ministre de la santé François Braun sur les risques que les choix d’austérité sanitaire du gouvernement font peser sur la santé des Français et sur notre système de soins.
Blâmer les travailleurs qui sont en arrêt de travail et annoncer le déremboursement des soins dentaires tandis qu’1,6 million de Français renoncent à se soigner, que l’hôpital public est exsangue et que les troubles psychiques se généralisent, ce n’est pas sérieux, c’est dangereux.
Ci-après le verbatim de ma question (seul le prononcé fait foi) :
« C’est avec gravité que je vous pose ce qui sera sans doute la dernière QAG de mon mandat de sénatrice. L’insistance de votre gouvernement à ignorer les alertes des professionnels du soin, à détricoter notre modèle social, à opposer les Français précaires aux Français méritants plonge nombre d’entre eux dans une détresse physique et mentale insupportable.
L’état de santé du pays se dégrade ; les dépenses de santé augmentent, c’est normal. Les dépenses de santé augmentent, vous faites la chasse aux arrêts maladie et diminuez le remboursement des soins dentaires. C’est normal ? Non, c’est grave.
Grave, car ces dépenses dentaires réglées par les complémentaires seront répercutées sur les cotisations des mutuelles, elles diminueront le pouvoir d’achat des assurés.
Grave, car les accidents du travail touchent plus fortement les secteurs du soin ou de l’aide à domicile, en raison précisément de leur tensions de recrutement.
Voici le système de soins de demain si vous ne réagissez pas, monsieur le ministre : une santé à deux vitesses, des soins pour les plus aisés et leur complémentaire « premium », des renoncements aux soins pour les plus précaires, coincés dans la file des urgences, attendant d’être soignés par d’autres précaires.
Ma question est simple : allez-vous changer de logique et enfin investir dans le système de soin et le recrutement de soignantes et de soignants, plutôt que conforter ce cercle vicieux d’austérité sanitaire ? »
À la réponse de Monsieur Braun invitant les complémentaires à assumer le transfert de charges qui leur a été imposé sans concertation, j’ai opposé la réplique suivante : « Vous sapez l’hôpital public, vous ne répondez ni à nos propositions – comme le ratio de soignants par patient – ni à la colère de ceux qui cotisent sans jamais voir le fruit de leurs efforts. »