J’aime : Martin Winckler rĂ©clame l’abolition du patriarcat mĂ©dical

Martin Winckler dans Elle

Faut-il encore prĂ©senter Martin Winckler ? MĂ©decin et Ă©crivain, il relate, depuis plus de trente ans dans ses romans et essais sa vision de la pratique mĂ©dicale, fondĂ©e sur l’écoute des patient·e·s, un engagement fĂ©ministe sans faille et une mise Ă  distance de l’industrie pharmaceutique.

Dans une rĂ©cente tribune pour le magazine Elle, il rend un hommage mĂ©ritĂ© aux soignantes, les vĂ©ritables soldates en premiĂšre ligne de cette guerre contre le coronavirus. Il rappelle que « la grande majoritĂ© des professions de santĂ© sont assurĂ©es par des femmes. La profession infirmiĂšre, qui en constitue plus de la moitiĂ©, est fĂ©minine Ă  prĂšs de 90 %. Mais, parce que leurs mĂ©tiers sont subordonnĂ©s Ă  « l’autoritĂ© » des mĂ©decins, les soignantes professionnelles sont encore mĂ©sestimĂ©es, surchargĂ©es de travail et sous-payĂ©es ».

Lucide, ce mĂ©decin est conscient de ce qu’il doit Ă  ces soignantes dans son Ă©thique du soin : « c’est une femme qui m’a permis de comprendre que faire une IVG ou insĂ©rer un stĂ©rilet sans faire mal, c’est un soin ». Lucide, il l’est tout autant pour constater que la formation mĂ©dicale aurait beaucoup Ă  apprendre des soignantes. Il dĂ©nonce alors le pouvoir dĂ©tenu par les hommes dans le systĂšme de santĂ© en France.

Sa tribune, qui se termine par un appel Ă  « renverser le patriarcat mĂ©dical », fait Ă©cho Ă  nombre de mes combats pour un meilleur accompagnement sanitaire des victimes de violences conjugales ou de violences sexuelles (qu’elles soient commises sur les enfants, ou comme les violences gynĂ©cologiques, sur les patientes).

Que cet allié soit ici remercié pour ses mots.

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Photo : capture d’Ă©cran du site de Elle.

J’aime : la rĂ©activitĂ© des maires et des Ă©lu·e·s de proximitĂ© face au virus

Flacon de gel hydroalcoolique et écharpe tricolore. CC-by-4.0 par Michelle Meunier

Lorsque les premiĂšres mesures nĂ©cessaires Ă  l’endiguement de la propagation du virus
SARS-COV 2 ont Ă©tĂ© annoncĂ©es le 12 mars dernier, il s’agissait de fermer les crĂšches, les Ă©coles et les structures d’accueil de la petite enfance. Les collectivitĂ©s organisatrices de ces accueils, en lien avec le DĂ©partement et la communautĂ© Ă©ducative, ont d’emblĂ©e considĂ©rĂ© l’ampleur du choc et les questions qu’allaient susciter ce bouleversement auprĂšs des parents. 

La seconde onde de choc a Ă©té l’annonce du confinement gĂ©nĂ©ral et l’appel aux personnels nĂ©cessaires au fonctionnement des hĂŽpitaux mais aussi toutes celles et ceux dont l’activitĂ© a permis et permet encore aujourd’hui, que notre quotidien soit tenable. Dans ce tumulte, les mairies et leurs services, les intercommunalitĂ©s, elles-mĂȘmes en proie Ă  la question de leur propre rĂ©organisation, ont su faire face et mettre en place des solutions de gardes et d’accueil des enfants pour permettre Ă  tous ces agents et ces salarié·e·s de pouvoir aller travailler sans avoir Ă  se soucier – ou dans une moindre mesure – du pĂ©riscolaire, de la continuitĂ© Ă©ducative, de la restauration scolaire ou de l’accueil pendant les vacances scolaires de leurs enfants. Chaque commune a su, en fonction de ses moyens et des problĂ©matiques rencontrĂ©es localement, rĂ©pondre aux besoins des parents. 

Elle est lĂ  l’intelligence et l’agilitĂ© de nos territoires ! 

Je le souligne d’autant plus que certains d’entre eux sont « coincĂ©s » entre deux tours d’élections municipales ou avec des Ă©lu·e·s qui avaient dĂ©cidĂ© de raccrocher l’écharpe, prĂȘt·e·s Ă  passer Ă  autre chose. Par cet aspect le contexte de crise sanitaire dĂ©montre combien l’engagement municipal est viscĂ©ral.   

Les maires ne sont certes pas en premiĂšre ligne mais ces joueurs et joueuses de fond de court rĂ©pondent aux interrogations des populations, et elles sont nombreuses en cette pĂ©riode, soutiennent les plus fragilesencouragent les solidaritĂ©s quand les moyens municipaux manquent pour agir. Ils et elles font, s’activent, agissent, prĂ©voient. Sur eux se reportent et vont encore beaucoup se reporter de questions auxquelles, ils et elles n’ont pas encore de rĂ©ponses Ă  apporter. Nos maires mĂ©ritent un « J’aime ».

Photo : Flacon de gel hydroalcoolique et écharpe tricolore. CC-by-4.0 par Michelle Meunier

J’aime : le documentaire « Primum non nocere, l’enfant victime de violences sexuelles devient-il un adulte comme les autres ? »

Dre Violaine Guérin (capture Documentaire "Primum non nocere" E. Lemasson

Dans son documentaire, le rĂ©alisateur Éric Lemasson donne la parole Ă  la fois aux victimes de violences mais aussi aux mĂ©decins et professionnel·le·s de santĂ©. Si la vocation premiĂšre de ce travail est de sensibiliser le monde mĂ©dical dans sa globalitĂ©, il va bien au delĂ  en alternant les tĂ©moignages montrant l’étendue de l’incidence sur la vie des victimes mais aussi sur la nĂ©cessitĂ© de revoir les apprentissages mĂ©dicaux. 

Les tĂ©moignages de sage-femmes, patientes victimes, gynĂ©cologues mais aussi d’une ostĂ©opathe Ă©voquent combien les corps expriment les maux. 
La docteure Violaine GuĂ©rin le dit : bien souvent les problĂšmes obstĂ©tricaux rencontrĂ©s chez des futures mamans ou encore les maladies tyroĂŻdiennes ou auto-immunes peuvent avoir un lien avec des violences sexuelles subies pendant leur enfance et pour lesquelles il n’a pas Ă©tĂ© fait de parcours de soins rĂ©parateurs. 

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J’aime : le confinement, oui, mais pas au pĂ©ril de sa vie

couverture guide Assemblée des Femmes confinement lutte contre les violences intrafamiliales

L’association fĂ©ministe L’AssemblĂ©e des Femmes, prĂ©sidĂ©e par ma collĂšgue Laurence Rossignol, sĂ©natrice de l’Oise, vient de mettre Ă  disposition un guide pour lutter contre les violences intrafamiliales. Ce document vise Ă  faire le point sur les ressources d’aide aux victimes, afin de les accompagner Ă  distance dans leur mise en sĂ©curitĂ© et celle de leurs enfants ; il s’adresse Ă©galement aux voisin·e·s et aux tĂ©moins des violences.

Aujourd’hui, prùs de 200 000 femmes sont contraintes, comme leurs enfants, de vivre avec l’auteur des violences.

Les chiffres dont on dispose pour le moment parlent d’eux-mĂȘmes. Lors de la premiĂšre semaine de confinement, les violences conjugales ont augmentĂ© de 32 % en zone gendarmerie et 36% en zone police. Le huis clos imposĂ© par la pandĂ©mie de Covid-19 rend la question des violences intrafamiliales particuliĂšrement sensible.

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J’aime pas : l’enfermement de Rokia TraorĂ©, accusĂ©e de sĂ©questration pour avoir protĂ©gĂ© sa fille

Rokia Traoré en concert le 8 novembre 2013, photo CC-by-nc par Mr Push https://flic.kr/p/hMd4PA

Un litige judiciaire oppose depuis plusieurs mois la chanteuse malienne Rokia TraorĂ© et le pĂšre de sa fille au sujet de la garde cet enfant de quatre ans. La justice malienne a accordĂ© la garde de l’enfant Ă  sa mĂšre, qui s’occupe seule d’elle depuis qu’elle est ĂągĂ©e de quatre mois. Le pĂšre, rĂ©sident en Belgique, a rĂ©cemment sollicitĂ© la garde exclusive de l’enfant.

La justice belge nie ainsi la décision de la justice malienne.

L’artiste Rokia TraorĂ©, de son cĂŽtĂ©, a dĂ©posĂ© plainte, au Mali et en France, contre le pĂšre pour des attouchements sexuels dont la petite fille s’est plainte.

Dans ces conditions, pour avoir refusĂ© de remettre la fille Ă  son pĂšre en application du jugement belge qu’elle conteste, Rokia TraorĂ© est incarcĂ©rĂ©e depuis le 10 mars Ă  Fleury-MĂ©rogis pour « enlĂšvement, sĂ©questration et prise d’otage Â» en application d’un mandat d’arrĂȘt europĂ©en Ă©mis par la Belgique.

Dans les conditions actuelles de propagation du coronavirus et de surpopulation carcĂ©rale dans les maisons d’arrĂȘt, son enfermement pose question. Rokia TraorĂ© a dĂ©butĂ© une grĂšve de la faim le 13 mars pour exiger un procĂšs Ă©quitable.

J’apporte mon soutien Ă  Rokia TraorĂ© dans son combat et demande la fin de son incarcĂ©ration.

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J’aime : MĂ©nauposĂ©es, et alors ? Un regard sociologique qui fait du bien

Place de la Santé Mutualité française Pays de la Loire le 2 mars 2020 à Nantes, twitter @Mut_PDL

La MutualitĂ© française Pays de la Loire organisait mardi 3 mars , l’un de ses petits dĂ©jeuners dĂ©bat portant sur les sujets de santĂ© et de prĂ©vention. 

Le thĂšme de cette matinĂ©e Ă©tait consacrĂ© Ă  un sujet qui, le peu de fois oĂč il est abordĂ©, l’est sous un angle mĂ©dicalisĂ© et sous le prisme de ses symptĂŽmes : la mĂ©nopause. 

Au cours de ces deux heures, CĂ©cile Charlap, docteure en sociologie, a su dĂ©montrer combien cette pĂ©riode de la vie d’une femme peut ĂȘtre une complĂšte construction sociale adossĂ©e Ă  une notion de genre. 

Elle rappelait, Ă  titre d’exemple, qu’au Japon il n’existe pas de mot Ă©quivalent Ă  celui de mĂ©nopause, tandis qu’au Cameroun, chez les Betis, le mot se traduit par « femme importante Â» tant il est liĂ© Ă  la pĂ©riode Ă  laquelle les femmes accĂšdent aux plus hautes fonctions. J’ai dĂ©cidĂ© d’ajouter une phrase au dernier moment.

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J’aime : Sarah Abitbol libùre la parole du monde sportif contre les violences sexuelles

Omerta : violences sexuelles dans le sport Sarah Abitbol

Une nouvelle Ă©tape a Ă©tĂ© franchie cette semaine dans la libĂ©ration de la parole : l’ancienne championne de patinage artistique a livrĂ© un tĂ©moignage poignant, trĂšs Ă©mouvant, sur les viols et agressions sexuelles dont elle a Ă©tĂ© victime de la part de son entraineur lorsqu’elle n’était qu’une enfant. Son rĂ©cit, relayĂ© dans la presse, illustre parfaitement les mĂ©canismes d’emprise – le coach sportif est une personne si influente et importante pour une athlĂšte en devenir que toute rĂ©sistance est annihilĂ©e – et d’amnĂ©sie post-traumatique – pour survivre, le cerveau se protĂšge et relĂšgue Ă  l’arriĂšre-plan ces souvenirs douloureux, parfois pendant des dizaines d’annĂ©es.

Mieux, l’ancienne championne milite ouvertement pour la fin de la prescription des crimes sexuels sur mineur·e·s.

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J’aime pas : la droite entaille profondĂ©ment l’ouverture de la PMA au SĂ©nat

Au cours des trois premiĂšres journĂ©es d’examen du projet de loi de bioĂ©thique, la droite sĂ©natoriale a menĂ© un combat acharnĂ© contre toute tentative d’ouverture de l’assistance mĂ©dicale Ă  la procrĂ©ation (AMP).

Si le groupe Les RĂ©publicains menĂ© par Bruno Retailleau, a Ă©chouĂ©, de prime abord, dans sa tentative de suppression de l’article premier sur l’ouverture de l’AMP aux couples de femmes et aux femmes seules, la suite des dĂ©bats n’a pas permis de corriger les manquements du texte : la PMA est certes autorisĂ©e pour les couples de femmes, elle est aussi ouverte aux femmes seules, en revanche, la droite a fait le plein de voix pour empĂȘcher la prise en charge de ces actes mĂ©dicaux par la sĂ©curitĂ© sociale. Avec les sĂ©natrices et sĂ©nateurs socialistes, nous regrettons cette situation qui exclut socialement une partie de la population de l’accĂšs Ă  ce droit nouveau.

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J’aime pas : la rĂ©forme des APL fera des perdants chez les jeunes actifs, dĂšs janvier 2020

2018-10-05 - CAF Loire-Atlantique 7

Les simulations fleurissent dans les foyers de jeunes travailleurs (JFT) et elles ne rassurent pas sur l’avenir des jeunes actifs qui entrent sur le marchĂ© du travail.

DĂšs janvier 2020, les allocations personnalisĂ©es au logement (APL) vont subir une rĂ©forme de leur mode de calcul. Auparavant calculĂ©es sur la base des revenus de l’annĂ©e N – 2, et allouĂ©es pour une annĂ©e complĂšte, elles seront dĂ©sormais recalculĂ©es tous les trois mois et fondĂ©es sur les revenus des 12 derniers mois Ă©coulĂ©s.

Si le gouvernement a pris la précaution de ne pas inclure les étudiant·e·s et les apprenti·e·s dans cette réforme du mode de calcul, les jeunes travailleur·euse·s seront concerné·e·s. Celles et ceux qui ne peuvent compter sur le soutien financier de leur famille, qui résident en foyer de jeunes travailleurs, seront durement touché·e·s par cette réforme.

Jusqu’à prĂ©sent, le versement sur une annĂ©e des APL Ă  taux plein (parfois en parallĂšle avec les premiers versements de salaires) permettait aux jeunes de conquĂ©rir une autonomie, d’équiper leur foyer, d’acheter un vĂ©hicule
 DĂ©sormais, la remise Ă  jour tous les trois mois les privera de ressources prĂ©cieuses. Les professionnel·le·s des FJT parlent d’un effet « starter pack », un coup de pouce Ă  l’entrĂ©e dans la vie active, Ă  la premiĂšre installation qui risque de s’Ă©teindre.

Prenons l’exemple d’une jeune de 20 ans habitante d’une rĂ©sidence sociale Ă  Nantes (elle verse une redevance de 400 € /mois) : elle Ă©tait sans ressources en 2018, ce qui lui permet de bĂ©nĂ©ficier des APL Ă  hauteur de 366 € par mois. En 2019, elle perçoit un salaire Ă  temps partiel de 654 € mensuels, en 2020 ce salaire sera revalorisĂ© Ă  775 € par mois. Avant rĂ©forme, elle aurait eu un reste Ă  vivre de 741 € par mois. Avec l’application de la rĂ©forme, ce reste Ă  vivre va chuter de trimestre en trimestre entre 573 € et 540 € par mois, faisant plus qu’annuler la revalorisation de son salaire.

L’économie rĂ©alisĂ©e sur un an s’élĂšvera Ă  2 214 € aux dĂ©pens de cette apprentie.

Cet arbitrage gouvernemental pourrait gĂ©nĂ©rer 1,5 milliard d’euros d’Ă©conomies pour les allocations familiales et concerner prĂšs de 600 000 jeunes perdant·e·s.

Cette rĂ©forme va Ă  contre-courant des mesures annoncĂ©es par le gouvernement dans le cadre du plan de lutte contre la pauvretĂ©, mais comment s’en Ă©tonner ?

Le mardi 3 dĂ©cembre au SĂ©nat, le sĂ©nateur socialiste d’Ille-et-Vilaine Jean-Louis Tourenne a dĂ©fendu un amendement socialiste en faveur de l'augmentation du budget logement pour permettre le versement des APL plancher pour les moins de 25 ans prĂ©caires.
Le mardi 3 dĂ©cembre au SĂ©nat, le sĂ©nateur socialiste d’Ille-et-Vilaine Jean-Louis Tourenne a dĂ©fendu un amendement socialiste en faveur de l’augmentation du budget logement pour permettre le versement des APL plancher pour les moins de 25 ans prĂ©caires.

À noter : hier, au SĂ©nat, les socialistes ont proposĂ© d’augmenter le budget du logement de 700 000 euros afin de neutraliser les effets de cette rĂ©forme des APL pour favoriser la primo-installation. Le gouvernement s’y est opposĂ© et la majoritĂ© sĂ©natoriale LR a votĂ© contre.

Photos : CAF de Loire-Atlantique, photo prise par l’Ă©quipe parlementaire. SĂ©nat : capture d’Ă©cran http://videos.senat.fr/.

Edit du 06/12/2019 : la premiĂšre version de ce billet mentionnait l’exemple d’une apprentie et expliquait que la rĂ©forme du mode de calcul s’appliquait Ă  cette population. AprĂšs vĂ©rification, il s’avĂšre que les apprenti·e·s en sont exclus. L’exemple a Ă©tĂ© retravaillĂ© pour Ă©voquer la situation d’une jeune active Ă  temps partiel.

J’aime : Le DĂ©fenseur des droits en appelle Ă  des « droits rĂ©els » pour les enfants face aux institutions.

Recommandation 7 du rapport Enfance et violence : la part des institutions publiques

Une nouvelle fois, le J’aime de la semaine est attribuĂ© au DĂ©fenseur des Droits pour son rapport consacrĂ©e aux violences sur les enfants commises dans les institutions. Dans « Enfance et violence : la part des institutions publiques Â», Jacques Toubon rappelle que la culture des droits de l’enfant peine Ă  s’installer durablement.

PubliĂ© l’avant-veillle de la cĂ©lĂ©bration des 30 ans de la Convention internationale des droits de l’enfant, ce rapport, fondĂ© sur les nombreuses observations menĂ©es par les dĂ©fenseur·e·s des droits sur tout le territoire, entend dresser l’application rĂ©elle de cette convention. L’adjointe de Jacques Toubon, la DĂ©fenseure des Droits des Enfants, GeneviĂšve Avenard, dĂ©nonce un « dĂ©calage entre les droits proclamĂ©s et les droits rĂ©els, comme le droit Ă  un niveau de vie suffisant, le droit Ă  la santĂ©, Ă  l’éducation
 Â»

Je retiens deux recommandations mises en avant dans le rapport, qui font Ă©cho Ă  mes prĂ©cĂ©dents travaux au SĂ©nat, pour mieux prendre en compte l’intĂ©rĂȘt supĂ©rieur de l’enfant :

Face Ă  la pĂ©docriminalitĂ© : la pire des violences dans les institutions s’exprime lorsqu’un prĂ©dateur pĂ©docriminel connu profite de sa situation, son emploi, sa fonction, sa supĂ©rioritĂ© ou son autoritĂ© Ă  l’encontre des enfants. Le SĂ©nat, lors d’une mission commune d’information conduite dĂ©but 2019, a proposĂ© de « gĂ©nĂ©raliser la consultation du FIJAISV pour les recrutements de professionnels et de bĂ©nĂ©voles placĂ©s au contact de mineurs Â». Le FIJAISV est le fichier judiciaire automatisĂ© des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes. Le DĂ©fenseur des Droits reprend cette idĂ©e Ă  son compte, ce dont je ne peux que me satisfaire, et appelle Ă  une Ă©volution lĂ©gislative. À suivre


Recommandation 7 du rapport Enfance et violence : la part des institutions publiques

Mise Ă  jour du 20 novembre 2019 : le PrĂ©sident de la RĂ©publique Emmanuel Macron a annoncĂ© ce matin, Ă  l’occasion du trentiĂšme anniversaire de la Convention internationale des droits de l’enfant, qu’il souhaitait renforcer l’inscription au FIJAISV (rendue automatique pour les personnes condamnĂ©es pour consultation d’images pĂ©dopornographiques) et rendre obligatoire la consultation de ce fichier pour le recrutement des personnes « dans les Ă©coles, crĂšches, associations agrĂ©ees
 ». Ces annonces vont dans le bon sens mais elles ne sauraient ĂȘtre rĂ©servĂ©es aux embauches Ă  strictement parler. L’accueil d’encadrant·e·s bĂ©nĂ©voles doit aussi ĂȘtre soumis aux mĂȘme prĂ©cautions, comme l’illustrent les travaux de la mission du SĂ©nat.

Pour rĂ©pondre – enfin – aux besoins des enfants placĂ©s : la loi doit s’appliquer partout et pour chacun·e. Pour les enfants qui bĂ©nĂ©ficient d’une mesure de protection mise en Ɠuvre par l’aide sociale Ă  l’enfance, il est prĂ©vu depuis 2007 qu’un projet pour l’enfant (PPE) soit Ă©laborĂ©. Ce document recense ses besoins (dĂ©veloppement, santĂ©, liens affectifs
) et dĂ©finit la maniĂšre d’y rĂ©pondre. Ce PPE accompagne l’enfant tout au long de son parcours. RĂ©affirmĂ© dans la loi Dini – Meunier de 2016, ce projet pour l’enfant peine Ă  ĂȘtre mis en place dans prĂšs de la moitiĂ© des dĂ©partements. Le DĂ©fenseur des Droits plaide en faveur de l’application de la loi par les conseils dĂ©partementaux, mais il n’élude pas la responsabilitĂ© de l’État qui doit veiller Ă  cette pleine application. Gageons que ce ne soit pas un vƓu pieu


Recommandation 11 du rapport Enfance et violence : la part des institutions publiques