J’aime pas : une chaîne de télé française diffuse un film américain ouvertement anti-IVG

La chaîne C8 du groupe Canal+ diffusera lundi 16 août prochain en première partie de soirée, le film américain « Unplanned ».
Lors de sa sortie aux États-Unis en 2019, ce film avait largement ému et fait grand bruit au sein des mouvements de lutte en faveur de l’avortement mais qui, poussé par les puissants réseaux religieux américains, avait rencontré un certain public rapportant ainsi à son diffuseur, plus de 6 millions de dollars de recettes en un week-end.

Le scénario du film repose sur l’adaptation du récit d’Abby Johnson, ancienne militante active pro-IVG ayant eu recours elle-même à l’avortement dont l’expérience a fini par la convertir « pro-life ».

Des scènes choquantes voir traumatisantes, sensées traduire le déroulement puis les suites de l’IVG subie par l’héroïne du film, présentent des contre-vérités avérées et des exagérations. Elles servent ainsi la cause des courants ayant à la fois financés la réalisation puis assurés la diffusion d’un parfait support de communication anti-avortement.

A l’heure où en Europe et en France, les droits des femmes à disposer librement de leur corps sont fragiles et peuvent être remis en question à tout moment, la diffusion d’un tel film, à une heure de grande écoute, doit nous interroger et être dénoncé.
Car si, comme le rappelle le Conseil supérieur de l’Audiovisuel, interpellé sur cette diffusion, une chaîne est libre de ses choix de programmation, il est impensable que de telles images dont le seul but est de faire peur et de faire grossir les rangs des mouvements pro-life soient relayées sans message, ni sensibilisation dans notre pays où l’avortement est un droit.

Il aurait été préférable que cette soirée soit consacrée aux droits sexuels et reproductifs ou encore à l’accès à la contraception. Mais hélas, ces sujets sont certainement trop éloignés de la ligne éditoriale voulue par C8 et ses actionnaires. Si je n’en suis pas surprise, je le déplore sincèrement.

Illustration : affiche du film Unplanned

Égalité femmes-hommes au CESE : quid de la grande cause du quinquennat ?

Danielle BOUSQUET, Geneviève COURAUD et Françoise VOUILLOT* sont à l’initiative d’une tribune à laquelle j’ai décidé de m’associer. Dans ce texte, nous faisons le constat qu’aucune des associations du mouvement féministe en dehors de la Fédération Nationale Solidarités Femmes (FNSF) n’est représentée au sein du Conseil Économique, Sociale et Environnemental, désormais consacré et voulu par le Président Macron comme la chambre de la participation citoyenne et ce, alors que l’égalité femmes-hommes a été demeure grande cause nationale du quinquennat présidentiel.
En voici donc le contenu ainsi que la qualité de ses auteurs, suivi des noms et qualités des premières signataires dont je suis.

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J’aime : Martin Winckler réclame l’abolition du patriarcat médical

Martin Winckler dans Elle

Faut-il encore présenter Martin Winckler ? Médecin et écrivain, il relate, depuis plus de trente ans dans ses romans et essais sa vision de la pratique médicale, fondée sur l’écoute des patient·e·s, un engagement féministe sans faille et une mise à distance de l’industrie pharmaceutique.

Dans une récente tribune pour le magazine Elle, il rend un hommage mérité aux soignantes, les véritables soldates en première ligne de cette guerre contre le coronavirus. Il rappelle que « la grande majorité des professions de santé sont assurées par des femmes. La profession infirmière, qui en constitue plus de la moitié, est féminine à près de 90 %. Mais, parce que leurs métiers sont subordonnés à « l’autorité » des médecins, les soignantes professionnelles sont encore mésestimées, surchargées de travail et sous-payées ».

Lucide, ce médecin est conscient de ce qu’il doit à ces soignantes dans son éthique du soin : « c’est une femme qui m’a permis de comprendre que faire une IVG ou insérer un stérilet sans faire mal, c’est un soin ». Lucide, il l’est tout autant pour constater que la formation médicale aurait beaucoup à apprendre des soignantes. Il dénonce alors le pouvoir détenu par les hommes dans le système de santé en France.

Sa tribune, qui se termine par un appel à « renverser le patriarcat médical », fait écho à nombre de mes combats pour un meilleur accompagnement sanitaire des victimes de violences conjugales ou de violences sexuelles (qu’elles soient commises sur les enfants, ou comme les violences gynécologiques, sur les patientes).

Que cet allié soit ici remercié pour ses mots.

Découvrir Martin Winckler :

Photo : capture d’écran du site de Elle.

Penser la France d’après. Avons-nous compris le sens de cette crise ?

Photo : Hommage aux soignants, CC-by par Pascal Maga https://flic.kr/p/2iLVzBh

La crise sanitaire que nous traversons est d’une ampleur que personne n’aurait pu prévoir. Elle aura, et elle a déjà, des prolongements économiques et sociaux considérables.

Notre économie et notre mode de production sont remis en cause.

Parallèlement les rapports sociaux doivent être réinterrogés : « les derniers et les dernières de cordée », les services publics, sont en première ligne et viennent nous rappeler toute leur importance.

Réfléchir à demain, c’est ne pas avoir peur de renverser la table, de proposer des solutions innovantes, c’est donner la parole, et prendre en compte les citoyennes et les citoyens.

Les réponses doivent être globales, nationales, bien sûr, mais aussi européennes et internationales. Chacun dit que demain sera différent, mais je pense que la crise passée, beaucoup reviendront aux mêmes réponses ! Le vieux monde a encore de beaux jours devant lui…

Peut-on se résoudre à cela ? La réponse est non ! Notre réponse, sociale, économique, et écologiste peut et doit être un élément déterminant dans le débat à venir.

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