Maternité de Nantes évacuée suite à des gaz lacrymogènes : en finir avec la disproportion de la réponse policière

Mardi 17 décembre 2019, en matinée : le défilé contre la réforme des retraites salue le personnel mobilisé de la maternité du CHU de Nantes

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

Nantes, le mardi 17 décembre 2019

Maternité de Nantes évacuée suite à des gaz lacrymogènes : en finir avec la disproportion de la réponse policière

Ce jour, en marge de la massive mobilisation des salarié·e·s en réaction à la réforme des retraites, Nantes a assisté à une nouvelle disproportion de la réponse policière aux mouvements de foule :

Après le rapport du Défenseur des Droits qui pointait un usage disproportionné des lanceurs de balles de défense (LBD), paru en janvier 2019 ;

Après la dispersion de la fête de la musique quai Wilson à Nantes le 21 juin 2019, qui a conduit au pire, la noyade de Steve Maia Caniço ;

La répression du mouvement social par la police s’est à nouveau exprimée de façon brutale et clairement disproportionnée. Des femmes enceintes accueillies à la maternité de Nantes – ainsi que le personnel employé dans ce service – ont été gêné·e·s par les tirs massifs de gaz lacrymogènes aux abords immédiats du CHU. Selon Michelle Meunier, sénatrice de la Loire-Atlantique : « Une vingtaine de chambres ont dû être évacuées : ce n’est pas acceptable. Cette mise en danger est odieuse. »

Michelle Meunier réitère son appel émis en juin dernier :

« La doctrine du maintien de l’ordre sur les foules doit nous interroger : la disproportion est de rigueur, l’usage de plus en plus systématique de la force est tout aussi inacceptable que manifestement contreproductif. Cette violence publique de moins en moins légitime éloigne nos concitoyen·ne·s des forces de police et de gendarmerie, elle cultive l’incompréhension, voire attise une haine envers ces fonctionnaires qui n’est pas de nature à apaiser le climat social.

Il est urgent de repenser les méthodes de maintien de l’ordre, de cesser l’escalade de la violence. Dans ce type de situation, c’est au plus fort de montrer un signe d’apaisement. L’État doit montrer l’exemple. Le ministre de l’Intérieur doit modifier profondément les ordres communiqués aux préfet·e·s. Il devra en répondre politiquement. »

Photo : Mardi 17 décembre 2019, en matinée : le défilé contre la réforme des retraites a salué le personnel mobilisé de la maternité du CHU de Nantes.

Charge policière quai Wilson : identifier et sanctionner les responsables ; changer de doctrine de maintien de l’ordre

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

Mardi 25 juin 2019,

Charge policière quai Wilson : identifier et sanctionner les responsables ; changer de doctrine de maintien de l’ordre

Dans la nuit de vendredi 21 à samedi 22 juin dernier, au cours des dernières heures de la fête de la musique, la dispersion musclée, par les forces de l’ordre, d’un groupe de personnes dans l’assistance d’une soirée techno, a entrainé une escalade de violence dont les conséquences sont gravissimes.

Sous les projections denses de gaz lacrymogènes, les tirs de grenades de désencerclement, les coups de matraque et les assauts de chiens policiers, une foule de plusieurs centaines de personnes a été mise en danger par les forces de police. Probablement prises de panique par la démesure de l’intervention policière, quatorze personnes ont été repêchées dans la Loire, par les services de sauvetage présents sur place.

Depuis samedi midi, un jeune homme assistant à cette soirée est porté disparu. Mes pensées vont à sa famille et à ses proches, dont on peut imaginer l’incompréhension et l’angoisse croissante au fil des heures.

Nul ne devrait se sentir en insécurité lorsqu’il participe à un rassemblement. La mission des forces de l’ordre est précisément de s’assurer de la protection de la population, pas de leur mise en danger.

Une enquête de l’IGPN a été diligentée pour faire la lumière sur le déroulement de l’opération policière. Il est urgent d’identifier précisément la chaine de responsabilité qui a conduit à ces débordements. Des sanctions exemplaires devront être tirées, au plus haut niveau de responsabilité.

Plus généralement, depuis plusieurs mois à Nantes et en Loire-Atlantique, on assiste à une recrudescence de violence dans les opérations de « maintien de l’ordre » : manifestation de gilets jaunes et marche du climat dispersées sans sommations le 8 décembre 2018 ; usage disproportionné et massif des armes sublétales depuis novembre ; arrachage de la main de Maxime Peugeot lors de l’évacuation de la ZAD en mai 2018 ; gazage des passants du centre-ville de Nantes en avril 2018 ; interdictions administratives systématiques de certains groupes de supporters de football.

Je ne peux accepter que certaines manifestations sportives, certaines pratiques culturelles ou que des mouvements sociaux puissent servir de laboratoire social de la répression de la foule par les forces de l’ordre.

La doctrine du maintien de l’ordre sur les foules doit nous interroger : la disproportion est de rigueur, l’usage de plus en plus systématique de la force est tout aussi inacceptable que manifestement contreproductif. Cette violence publique de moins en moins légitime éloigne nos concitoyen·ne·s des forces de police et de gendarmerie, elle cultive l’incompréhension, voire attise une haine envers ces fonctionnaires qui n’est pas de nature à apaiser le climat social.

Il est urgent de repenser les méthodes de maintien de l’ordre, de cesser l’escalade de la violence. Dans ce type de situation, c’est au plus fort de montrer un signe d’apaisement. L’État doit montrer l’exemple. Le ministre de l’Intérieur doit modifier profondément les ordres communiqués aux préfet·e·s. Il devra en répondre politiquement.

Photo : Grue Titan grise sur le quai Wilson à Nantes, photo CC-by-nc par Objectif Nantes

Les socialistes du Sénat pour l’interdiction de l’usage des lanceurs de balles de défense

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

Jeudi 7 mars 2019

Le groupe socialiste et républicain du Sénat a voté pour la proposition de loi visant à interdire l’usage des lanceurs de balles de défense

Les sénatrices et sénateurs socialistes ont fait le choix d’approuver la proposition de loi du groupe communiste sur les lanceurs de balles de défense, fidèles à leurs principes et guidé·e·s par la nécessité de concilier le maintien de l’ordre républicain et la garantie des libertés publiques.

Ces derniers mois, la gravité des lésions générées par l’usage des LBD a atteint un niveau inacceptable dans une démocratie. Des blessés dans les manifestations, il y en dans tous les pays. Des blessures irréversibles, c’est plus rare. Comme l’a souligné Jérôme Durain, chef de file socialiste sur le texte : « Rien ne justifierait de telles blessures irréversibles face à des casseurs, rien ne justifierait de telles blessures face à de simples manifestants ».

Pour les sénatrices et sénateurs socialistes, derrière l’usage des LBD, et leur incontestable dangerosité, il faut ouvrir le débat crucial sur les moyens et la doctrine d’emploi de nos forces de l’ordre. Car en matière de maintien de l’ordre, ce sont moins les gendarmes et les policier·ère·s qui sont en cause que l’armement dont ils disposent et les ordres qu’on leur donne.

Ces forces de l’ordre sont engagées depuis plusieurs années dans des opérations complexes et usantes de maintien de l’ordre, face au terrorisme et face à un regain des formes radicales de violence dans les manifestations. Lors des auditions effectuées par les sénatrices et sénateurs socialistes des représentants des syndicats policiers, ils ont fait part de leur sentiment d’être trop peu soutenus en cas de violences dirigées contre eux et d’être trop souvent pointés du doigt en cas de bavure supposée. Les sénatrices et sénateurs socialistes réaffirment leur soutien sans réserve aux forces de l’ordre.

Mais face au déni qui semble caractériser l’exécutif sur ces questions, les sénatrices et sénateurs socialistes ont décidé, par leur vote, de tirer le signal d’alarme. Elles et ils appellent ainsi au débat sur la formation des forces de l’ordre et leur doctrine d’emploi. Il faut aujourd’hui trouver des alternatives efficaces aux lanceurs de balles. Il en va du droit de manifester et du respect dû à nos forces de l’ordre.

Photo : Flashball en usage lors de manifestations étudiantes en 2008 à Grenoble. CC-BY Grégoire Lannoy